Sortie il y a une semaine, The Order 1886 a suscité une vive polémique notamment au sujet de sa durée de vie jugée trop courte par certains joueurs. Faut-il juger un jeu sur cet unique critère ? Quelques éléments de réponses dans ce test.
Je tiens à remercier PlayStation France pour l’envoi du jeu.
L’ordre
Dans la ville de Londres en 1886, un groupe de chevaliers mènent le combat contre un groupe de rebelles et contre des monstres appelés les Lycans (ou loups-garous). Vous incarnez Sir Grayson Galahad, un des chevaliers de l’ordre. Vous n’êtes cependant pas seul, d’autres comme le Marquis Lafayette (lui aussi un membre de l’ordre), Ygraine ou encore Perceval (l’un des plus anciens) vous prêteront main forte dans cette aventure.
Le scénario, un brin classique avec son lot de passages prévisibles, nous propose cependant quelques rebondissements et un cliffhanger tout aussi intéressant qui laissent sans doute présager une suite. Quelques questions restent également en suspens mais ce n’est pas forcément une mauvaise chose. Le joueur aura tout le temps de réfléchir aux réponses et cela l’incitera peut être à relancer le jeu un seconde fois pour mieux comprendre.
Un univers cohérent
Les multiples références aux légendes Arthuriennes, de part le nom de certains chevaliers (Galahad, Perceval, Ygraine) et de part la nature même de l’ordre (Les chevaliers de la table ronde) ainsi que d’autres éléments comme le Graal permettent de familiariser le joueur avec des références connues. Cette volonté du studio permet certainement de s’attacher plus facilement aux personnages même si leur charisme est largement suffisant.
Les choix du studio Ready at Dawn pourront plaire comme déplaire. Avoir mélanger les cycles Arthuriens, une Londres fin 19ème siècle, le mythe des Lycans et quelques éléments « steampunk » (notamment les armes) est un parti pris. Il ne pourra certes pas plaire à tout le monde mais il faut avouer que ce mélange est relativement cohérent et bien pensé.
Une direction artistique magnifique
La première chose qui attire l’œil du joueur est sans aucun doute la beauté des graphismes mais plus généralement la direction artistique choisie par le studio. L’ambiance visuelle du titre est sublime et vraiment cohérente par rapport à l’époque et le lieu où se déroule l’aventure. La modélisation des personnages mais surtout de leur visage est criante de réalisme. On a vraiment l’impression que ces personnages existent.
Les animations ne sont pas en reste et ont été réalisées avec attention et précision. Par exemple la moustache du héros suit parfaitement le mouvement des lèvres lorsque celui-ci parle. C’est peut être un simple détail mais si vous l’ajoutez à d’autres comme les mouvements des épaulettes de la tenue des chevaliers ou plus généralement ceux des vêtements, on se rend compte réellement du soin apporté au jeu. Cependant les 30fps sont à mon sens, un peu léger, notamment lors des phases des sauts ou d’acrobaties. Par ailleurs j’ai trouvé que lorsque Galahad courrait, on avait vraiment l’impression qu’il allait trop vite.
Mais ce jeu n’est pas parfait (existe-t-il un jeu parfait ?) et comporte quelques défauts. Le plus gros certainement est celui des reflets. En effet ceux-ci sont inexistants. Vous ne verrez pas votre tête sur un miroir ou plus généralement l’intégralité du personnage sur une porte vitrée ou encore au sol sur du carrelage. Difficile de croire à un oubli ou même à un problème technique. Cette question reste pour l’instant en suspens…
Cet univers est couplé à une aventure cinématographique marquée. Mais les transitions entre phases de gameplay et cinématiques se font sans temps de chargement si bien que l’attention du joueur est systématiquement retenue. Certaines des scènes sont mêmes dotées de QTE, permettant au joueur de s’immerger encore plus dans la peau du personnage.
N’ayons pas peur de le dire, en terme de graphismes et d’animations, The Order 1886 fait partie de l’un des plus beaux jeux PS4.
Des phases dynamiques
Les graphismes sont certes très jolis, mais qu’en est-il des phases de gameplay ? Ready At Dawn n’est pas spécialisé dans les jeux type TPS. On les connaît plutôt pour certains opus de la franchise God of War. Alors on sent qu’ils ont été largement inspirés par des jeux comme Uncharted ou encore The Last of Us.
Vous avez à votre disposition une arme de poing et une arme d’épaule. Et en plus vous pouvez transporter des grenades et des bombes fumigènes. Dans The Order 1886 il n’y a pas de fioritures, vous ne pouvez donc pas améliorer vos armes, ni même améliorer votre holster pour en porter plus. Mais cela n’est pas du tout gênant. A quoi bon s’embêter avec ce genre de détail alors qu’il y a une quinzaine d’armes différentes pour pouvoir jouer comme on le souhaite ? Si par ailleurs vous manquez de munitions il vous suffit de fouiller les cadavres à proximité. J’ai néanmoins trouvé que parfois l’accumulation de cadavres et par conséquent d’armes et de munitions rendait la récolte de celles-ci plus difficile.
Certaines armes comme le fusil à termites (ma préférée !) ou l’arbalète à répétition montrent bien le côté steampunk engagé du jeu. Ces armes futuristes sont sorties de l’imagination des développeurs et le moins que l’on puisse dire est qu’ils ont pris le temps de la réflexion. Le résultat est très convaincant.
Même si la principale approche de vos combats sera d’utiliser vos armes, il s’avère que par moment l’infiltration sera plus adéquate. Ces phases là seront très explicites si bien qu’on pourrait reprocher que le style de jeu à un moment donné nous est imposé.
Si par malchance Galahad subit trop de dégâts, il tombera à terre. Mais vous pourrez toujours ramper pour vous cacher. Un laps de temps après vous pourrez utiliser votre eau noire, liquide donné à tous les chevaliers de l’ordre pour vous ranimer et reprendre votre santé.
L’eau noire sert également (grâce à une jauge qui se remplit au fur et à mesure des ennemis tués) à ralentir le temps et à cibler automatiquement les ennemis visibles. Une simple pression sur la gauche ou la droite du joystick vous permet de changer d’ennemis.
Enfin par moments le combat ne se fera que par QTE (Quick Time Event). Ces phases là ne sont pas fréquentes mais sont bien intégrées au jeu. Il n’y en a ni trop ni pas assez.
Exploration et admiration
Côté exploration, en temps normal Galahad marche et il peut aller plus vite en petite foulée. Ce n’est lorsque que des phases de combats sont déclenchées que notre héros peut courir réellement. Le fait de nous imposer cette marche pendant les moments calmes pourront certes rebuter et énerver certains joueurs mais personnellement j’ai trouvé que cela permettait de mieux contempler les paysages et décors.
Pour un peu que vous soyez attentifs, vous pouvez même consulter des documents et autres objets. Certains vous sembleront sans importance tandis que d’autres vous révéleront certaines informations sur le jeu lui même. Si en plus vous êtes attiré par les trophées, ça tombe bien, vous devrez tous les trouver. On notera toutefois la regrettable absence d’un suivi pour ces documents. Si vous avez une bonne mémoire alors pas de problèmes sinon vous devrez certainement recommencer le jeu avec une vidéo en appui.
Ambiance sonore
La marque rose, studio, à l’origine de l’enregistrement du doublage du jeu nous montre tout son talent. Mais il faut bien entendu saluer le travail des acteurs qui font de ce doublage le meilleur à ce jour (avec ceux de The Last of Us). Coincidence ou pas, en voyant pour la première fois Galahad, j’ai noté une ressemblance avec Hugh Jackman si bien que je me suis dit que la doublure Française de l’acteur collerait parfaitement au héros. Quelle fut ma surprise lorsque j’ai commencé le jeu et que j’ai constaté que Joël Zaffarano doublait Galahad.
Je n’ai pas particulièrement prêter attention à la musique si ce n’est à l’avant dernier chapitre et pendant les crédits. Mais je dois avouer que ces deux moments m’ont vraiment fait vibrer. Les compositions de Jason Graves, à qui l’on doit également les musiques de Tomb Raider et Dead Space, collent à merveille avec la nature des événements présentés.
Le Graal
Certains développeurs se servent des trophées comme prétexte pour augmenter la durée de vie d’un jeu. Mais on peut dire que pour The Order, ce n’est pas le cas. Vous en obtiendrez la majorité si vous utilisez toutes les compétences mises à votre disposition. Si vous cherchez les documents également, vous en obtiendrez et pour ne pas que le joueur soit frustré vous pourrez même jouer des chapitres (et sous chapitres) pour récupérer ceux qu’ils vous manque.
Une suite ?
The Order 1886 n’est pas exempt de défauts, beaucoup ont crié au scandale avant même d’y avoir jouer. Si la durée de vie est un critère essentiel pour vous, alors oui vous allez trouver que ce jeu a un mauvais rapport duré de vie/prix et je ne saurais trop vous conseiller d’attendre une baisse de prix ou une promotion. Si en plus vous n’aimez pas la mythologie Arthurienne et/ou que les Lycans sont sources de cauchemars pour vous ou si de manière plus générale les TPS ne sont pas votre tasse de thé (à l’eau noire), alors ce jeu n’est pas fait pour vous.
De là à dire que le jeu est mauvais, cela me semble un peu exagéré. Le studio (inexpérimenté dans les TPS) a prouvé qu’il pouvait nous fournir une expérience solide, un scénario intéressant et pas si linéaire que ça, le tout entouré d’un univers aussi bien étonnant que charismatique.
Chose rare à souligner de nos jours : le jeu est fini ! Aucun DLC n’est prévu, aucun Season Pass, un seul petit patch de 60mo à installer. C’est d’autant plus appréciable quand on voit ce qui passe avec d’autres titres.
Ready At Dawn possède désormais toutes les bases pour faire une excellente suite. En tout cas j’en attends une impatiemment.
Les plus :
- Le mythe des Lycans
- Aventure intéressante
- Scènes épiques
- La fin laisse présager une suite
- Multiple rebondissements scénaristiques
- Graphismes superbes
Les moins :
- Gameplay hasardeux
- Quelques défauts graphiques
- Toujours pas de VOSTFR disponible
- Trop facile